LES CEVENNES

La chaîne des Cévennes, si on donne à ce mot sa plus vaste acception, une sorte d'épine dorsale, d'armature, qui le traverse tout entier, des abords de Lyon aux abords de Toulouse. Unité dans le contraste au surplus, puisque chaque versant des Cévennes offre des caractères particuliers suivant qu'il s'abaisse doucement vers l'Atlantique ou tombe brusquement vers la Méditerranée. Si ce territoire n'offre ni stations d'été ni stations de montagne de premier ordre, il a cependant une importance touristique amplement justifiée par la richesse de ses beautés naturelles et, à un moindre degré, artistiques, et par sa situation. C'est en effet qu'il constitue, au moins en été, une zone de circulation intense, étant situé en coin entre les Alpes, les monts d'Auvergne et les Pyrénées. Qu'on veuille aller de Lyon à Toulouse, d'Auvergne en Bas-Languedoc, d'Avignon à Bordeaux, de Dauphiné en Rouergue, de Paris à Narbonne et en Espagne, il faut le traverser.

Nous allons esquisser les caractères généraux de chacune des régions naturelles qui le composent. Il faut d'abord préciser la signification du mot Cévennes.

César, dans ses Commentaires de la Guerre des Gaules n'appliquait le nom de Cevenne (Cevenna) qu'aux montagnes séparant le pays des Helviens de celui des Arvernes, c'est-à-dire à notre Vivarais. Plus tard, à la suite de Strabon, les géographes distinguèrent les Cévennes méridionales, qu'ils faisaient partir du seuil de Naurouze, des Cévennes septentrionales qu'ils faisaient aller jusqu'aux monts du Charolais qui, moins élevés, les séparent du Morvan. Ces dénominations traditionnelles ont été abandonnées de nos jours, parce que si ces montagnes ont la même formation géologique, qu'on retrouve d'ailleurs dans celles du Morvan, des Vosges, du Limousin, de la Bretagne, elles n'ont aucunement le caractère particulier de la Cevenne, qui est toujours celle de César. Et cela s'explique aisément par le fait que la chaîne des Cévennes, si on prend le terme dans sa plus grande extension, a 450 k. de long et s'étend, en latitude, sur 350 k. Mais si l'on considère que, depuis Maçon jusqu'à Castelnaudary, depuis les monts du Beaujolais jusqu'à l'extrémité occidentale de la Montagne Noire, on voit constamment la même barrière granitique dominer successivement la Saône, le Rhône et la plaine du Bas-Languedoc, on comprend combien facilement s'est étendue l'acception donnée au nom des Cévennes.

Mais cet abus de langage est surtout le fait des géographes et il n'a pas empêché les différentes parties de cette immense chaîne, de conserver, bien vivaces, leurs noms traditionnels. Ce sont, du N. au S.: le Morvan, le Charolais, le Beaujolais, le Lyonnais, le Vivarais, les Cévennes, la Séranne, l'Espinouse et la Montagne Noire. Les Cévennes proprement dites vont de la source de l'Ardèche à celle de l'Hérault, ou, si l'on veut, de la montagne du Tanargue à celle de l'Aigoual incluse, ou encore d'Aubenas au Vigan.

Le Vivarais est séparé des monts du Lyonnais par la curieuse dépression que forment les vallées du Gier, affluent du Rhône, et du Furan, affluent de la Loire; cette dépression, analogue à celle du Creusot, formant comme elle un bassin houiller et industriel, réunit la vallée du Rhône à celle de la Loire; Saint-Etienne en est le centre, à l'extrémité méridionale du Forez.

La dépression de Saint-Etienne constitue la limite septentrionale. De là, le Vivarais (en gros le département de l'Ardèche) s'étend au S. jusqu'à Bourg-Saint-Andéol; à l'E., le Rhône, sur 150 kilomètres, en fait la frontière, bordant le pied même des monts dont le versant oriental, très rapide, donne naissance à une foule de petits torrents aux crues redoutables qui coulent au fond de belles gorges: Cance, Doux, Erieux. Seule, au S., l'Ardèche, née au pied du Tanargue, au cœur même des Cévennes, atteint la longueur exceptionnelle de 112 kilomètres. C'est le bassin du Chassezac et le cours inférieur de l'Ardèche à partir du confluent du Chassezac qui forment la limite méridionale du Vivarais. La ligne de faîte des monts du Vivarais sépare les petits affluents du Rhône de la haute vallée de la Loire; leur extrémité N. est marquée par le puissant massif du Pilat (1.434 m.) qui forme coin entre le Gier et le Rhône. Du côté de l'O., le Vivarais central forme un vaste plateau, de 1.000 mètres environ d'altitude, qui s'abaisse ensuite rapidement vers la vallée de la Loire qui appartient au Velay.

Au point de vue géologique, le Vivarais est constitué, dans sa partie septentrionale, par des terrains primitifs cristallins (granits et surtout schistes): c'est le pays des Boutières qui culmine au Grand-Felletin (1.390 m.). Mais en son milieu, les terrains primitifs ont été recouverts par un grand épanchement volcanique allant depuis le Mégal (1.435 m.), au-dessus d'Yssingeaux, jusqu'au Coiron qui finit presque à pic sur le Rhône à Rochemaure; sur la vaste « planèze » basaltique émergent deux des points culminants du centre de la France: le Gerbier-de-Jonc (1.551 m.) et le Mézenc (1.754 m.); triste et froide région aux vastes horizons.

La partie méridionale du Vivarais (bassins de l'Ardèche et du Chassezac) voit apparaître un terrain calcaire où les torrents se sont creusé de véritables cagnons; sur les pierrailles blanchâtres que fait étinceler un soleil déjà plus brillant, les cultures en terrasses annoncent la Méditerranée.

Les hauts plateaux du Vivarais, humides, pratiquent l'élevage du bœuf; la châtaigne et le marron sont la grande ressource du versant oriental dans-sa partie N. tandis que, au S., ce sont la vigne et le mûrier; celui-ci alimente-les magnaneries qui alimentent à leur tour les nombreuses filatures de soie de la région (mais la soie naturelle recule d'année en année devant la concurrence de la soie artificielle). Au N., la région d'Annonay, avec ses rubanneries et ses papeteries, est une annexe industrielle de Saint-Etienne.

Nous avons dit plus haut le sens restreint dans lequel il fallait comprendre les Cévennes. Leur limite septentrionale est marquée par le petit massif du Tanargue (1.448 m.), point de jonction des monts du Vivarais et des monts du Velay. A l'O., elles finissent sur la faible mais importante dépression de La Bastide-Puylaurent (1.109 m.) qui fait passer de la vallée de l'Allier dans celle du Chassezac et qu'empruntent la route et la voie ferrée de Clermont-Ferrand à Nîmes. Si on continue de la suivre vers le S., la ligne de partage des eaux Océan-Méditerranée passe au col de Tribes (1.130 m.; route de Mende à Pont-Saint-Esprit); au sommet de Malpertus (1.685 m.), sommet oriental du mont Lozère qui s'étend à l'O. sur 24 km., séparant le Lot du Tarn; au col de la Croix-de-Berthel (1.088 m).; au col de Jalcreste (832 m.) qui fait communiquer le Tarnon avec le Gardon d'Alès; au col du Rey (1.010 m.) entre le Tarnon et le Valfrancesque (Vallée Française); au col de Marqueirès (1.003 m.) entre le Tarnon et le Gardon de Saint-Jean.

De là, la ligne de crête se relève peu à peu: c'est le début du massif de l'Aigoual qui forme la borne méridionale des Cévennes; après en avoir dépassé le sommet (1.567 m.) elle s'abaisse au col de la Serreyrède (1.310 m.) qui fait communiquer les gorges du Trévezel, sous-affluent du Tarn, avec celles de l'Hérault. Au N.-O. et à l'O., à partir de Florac, les pentes allongées de l'Aigoual finissent brusquement devant les hautes falaises calcaires du causse Méjean et du causse Noir; il est peu de contrastes géologiques plus frappants.

Enfin la ligne de partage des eaux atteint le col du Minier (1.210 m.) d'où le versant méridional de l'Aigoual s'abaisse rapidement sur la vallée de l'Arre et le bassin du Vigan.

De l'autre côté de l'Arre, entre ce torrent et les gorges de la Vis, s'étendent les petits causses de Campestre, de Blandas et de Montdardier, prolongements du causse du Larzac, qui interrompent la longue échine granitique des Cévennes, ou, plus exactement, l'ont submergée et nivelée. L'abaissement de l'altitude (600 à 800 m.) et l'apparition du plateau calcaire remplaçant les granits et les schistes marque la fin des Cévennes propres.

Ainsi le massif de l'Aigoual, environné de tous côtés de terrains volcaniques ou calcaires, dont les schistes noirs sont vêtus de splendides forêts reconstituées au XIX° siècle, asile où l'on vient, en été, goûter une exquise fraîcheur tandis que le soleil brûle la plaine côtière, point de départ en hiver du terrible mistral qui, après s'être glacé sur ses champs de neige, s'en va souffleter la Provence, offre-t-il une individualité et un attrait incomparables.

Mais ce n'est pas seulement à l'O. et au S. que le calcaire jurassique des terrains secondaires borne la montagne cévenole. Au S.-E. également, le flanc rapide des Cévennes comprend une longue bande de terrain jurassique. Cette région accidentée, criblée de cagnons et de grottes, qui fut le principal théâtre de la guérilla camisarde

, porte le nom de Gardonnenque parce qu'elle est formée par les petits bassins du Gardon d'Alès, du Gardon d'Anduze et du Gardon de Saint-Jean auxquels on peut ajouter les cours moyen de la Cèze et du Chassezac.

Les monts du Velay séparent la Loire de l'Allier. Ces montagnes consistent en une longue échine basaltique dont le faîte dépasse 1.000 m. d'altitude et culmine à 1.423 m. au Devès, au S.-O. du Puy en Velay. Mais le Velay ne comprend pas que cette chaîne montagneuse; il comprend encore la vaste dépression parsemée de récifs volcaniques où la Loire coule depuis Le Puy en Velay jusqu'à Retournac. Cette dépression se prête à la culture des céréales et le terrain basaltique des monts est lui-même très favorable à l'élevage, en sorte que le Velay est une région plus prospère et plus peuplée que les deux suivantes.

Les monts de la Margeride, qui constituent une grande partie de l'ancien Gévaudan, séparent les Gorges de l'Allier de celles de la Truyère; leurs immenses pentes sont faiblement inclinées et leur faîte, à peu près rectiligne sur plus de 60 kilomètres, dépasse 1.300 m. et atteint 1.455 m. au signal de Randon. Les monts de la Margeride sont composés de terrains granitiques

L'Aubrac, sur lequel on trouvera des détails p. 434, n'a pas la forme rectiligne des monts de la Margeride ; c'est une sorte d'énorme cône dont la pointe émoussée atteint 1.471 m., au signal de Mailhebiau, et dont la base est délimitée par les gorges de la Truyère et du Lot. Le sol de l'Aubrac, constitué par une nappe basaltique, est meilleur que celui de la Margeride, mais l'altitude, généralement supérieure à 1.000 m., en fait presque uniquement un pays d'élevage qui nourrit en été 50.000 bêtes à cornes; la culture est représentée par des champs de seigle et de blé noir.

Après les hautes terres, ensevelies sous la neige de longs hivers, du Velay, du Gévaudan et de l'Aubrac, le plateau du Rouergue, plus méridional et moins élevé, encore froid cependant, fait la transition avec la région des grands causses.

Il s'étend entre la vallée du Lot et les gorges du Tarn, embrassant la haute vallée de l'Aveyron et la vallée du Viaur. Il est constitué par des terrains granitiques et schisteux; l'altitude varie de 700 à 900 m., atteignant et dépassant parfois un peu 1.000 m.; de nombreux ruisseaux ou rivières coulent au fond de gorges sinueuses, inhabitables. La surface du plateau, jadis plus boisée, est couverte de landes, de prés marécageux, de bois de châtaigniers. Autrefois les terres cultivables produisaient surtout du seigle, d'où le nom de « ségalas » sous lequel on désigne encore le plateau; au XIX°, le seigle a reculé au bénéfice de la pomme de terre. Le causse Comtal, au N. de Rodez, est un prolongement des grands causses, toutefois moins élevé (500 à 600 m. d'alt.).

Au N.-O. de Rodez et au S. de Saint-Affrique, les ségalas sont séparés des causses par de petites zones de grès rouges qui doivent à la couleur de leur sol le nom de rougiers: rougier de Marcillac et rougier de Camarès; elles élèvent des brebis, cultivent les céréales, la vigne et les arbres fruitiers.

Les ségalas du Rouergue s'abaissent à l'O. en un enchevêtrement confus de collines au pied desquelles s'étend la vaste dépression de l'Albigeois. L'Albigeois, c'est, en gros, le bassin moyen du Tarn, région encore un peu accidentée en amont d'Albi, vaste plaine sillonnée de rigoles en aval. Borné au N. par l'extrême pointe que les ségalas lancent, à 30 k. O. de Rodez, sur la rive g. de l'Aveyron, au S. par le massif du Sidobre et la vallée de l'Agout, l'Albigeois forme un véritable golfe de terrains sédimentaires (argile sableuse), entre 150 et 200 m. d'altitude, ouvert à l'O. vers les larges horizons de la Garonne. Les maisons de briques, avec leurs toits plats de tuiles romaines, appartiennent à la civilisation méditerranéenne. C'est avant tout une région agricole où le paysan habite des maisons isolées, chacune ayant son verger, sa basse-cour, ses vignes. Pays riche où abondent les produits de choix: poulets, dindons, oies, pigeons, fruits, légumes, blé, maïs; le vignoble des environs de Gaillac fournit un vin mousseux réputé. L'industrie est représentée par les houillères et la verrerie de Carmaux et les tissages de Castres.

« Les sédiments calcaires qui remplirent, à l'époque jurassique, un large golfe enchâssé dans le flanc méridional du Massif Central, se soulevèrent en bloc sous le choc des ondulations alpines, mais sans se plisser. Ils conservèrent la belle régularité de leurs assises dont les couches superposées, lorsqu'elles apparaissent sur les parois des vallées, revêtent l'aspect de murailles colossales » (E. Oranger).

Les Causses s'étendent depuis Rodez et Mende au N. jusqu'à Clermont-l'Hérault et au Vigan au S., rompant ainsi, sur une largeur d'environ 50 k., la chaîne cristalline des Cévennes, et mordant à la fois sur le Rouergue, le Gévaudan et le Languedoc. Séparés les uns des autres par de profondes vallées qui sont souvent de véritables cagnons, leurs dimensions varient du simple récif, comme le signal du Roc qui domine le Lot près de Barjac, aux 1.000 kilomètres carrés du Larzac. Leur altitude oscille entre 800 et 1.000 m.; leur surface, rarement unie, est couverte de bosses (puechs) et de creux (sotches), mais ces immenses étendues de pierrailles blondes étaient jadis revêtues de forêts qui en changeaient complètement l'aspect. Seul le causse Noir, ainsi que son nom l'indique, a conservé sa parure d'arbres.

Balayés par des vents terribles qui, à cette altitude, rendent les hivers rigoureux en dépit d'une latitude déjà méridionale, manquant d'eau puisque les pluies sont absorbées par les innombrables fissures du calcaire, les causses ne nourrissent qu'une faible population dont la principale ressource est l'élevage des brebis dont la laine alimente les tissages de Mazamet, de Castres et de Lodève, et la peau des ganteries du Millau, tandis que le lait sert à faire le fromage de Roquefort. Les bourgs se réfugient au fond des cagnons dont les falaises, réfléchissant les rayons du soleil, font de véritables serres où l'on cultive, sur d'étroites terrasses bien méridionales, des vignes, des fruits et des légumes. La chaîne calcaire de la Séranne, qui s'étend de Ganges aux abords de Lodève et culmine à 943 m., semble prolonger le faîte des Cévennes propres et sépare le Larzac des garrigues montpelliéraines.

Sidobre, Monts de Lacaune et de l'Espinouse, Montagne Noire. Il suffit ici de dire qu'elles prolongent, par-delà les calcaires du Larzac, la chaîne du Vivarais et des Cévennes. Avec elles reparaissent les terrains primitifs, granitiques et schisteux. Elles commencent au col Notre-Dame (route de Saint-Affrique à Bédarieux), point de jonction du causse du Larzac, du rougier de Camarès et de la montagne de Marcou (1.094 m.), prolongement septentrional de l'Espinouse. Ce massif qui culmine à 1.126 m. finit au col de la Fenille (430 m.) qui fait communiquer Mazamet et la vallée du Thoré, affluent du Tarn, avec Saint-Pons et la vallée du Jaur, affluent de l'Orb. Au S. du col s'étend le vaste massif de la Montagne Noire qui relève l'altitude jusqu'à 1.210 m. pour finir brusquement sur le célèbre col de Naurouze (190 m.); les pentes abruptes et sombres qui dominent à l'E. la petite ville de Revel sont l'extrême pointe méridionale de la chaîne des Cévennes telle qu'on l'entend communément. Les monts de Lacaune et le Sidobre doublent au N. l'Espinouse et la Montagne Noire.

Entre les montagnes, l'Ardèche, le Rhône et la mer s'étend, de Pont-Saint-Esprit à Narbonne, le Bas-Languedoc. Il comprend deux zones: d'abord au pied des monts, une région constituée par du crétacé inférieur (terrain secondaire) mêlé de calcaire tertiaire. C'est la région des garrigues, montagnettes ne dépassant que rarement 500 m. (633 m. au pic Saint-Loup, 698 m. au pic de la Coquillade, 753 m. au signal de Naudet entre le Jaur et l'Orb.) Ce sont ces garrigues qui composent aux grandes villes: Nîmes, Montpellier, Béziers, des environs d'une extraordinaire sauvagerie qui prennent tout leur caractère sous le soleil éblouissant de l'été.

Enfin, entre les garrigues et la mer s'étend une zone de terrains d'alluvions, immense plaine parsemée de récifs, anciens îlots, bordée de lagunes, et qui s'adonne uniquement à la culture de la vigne; on sait d'ailleurs que cet exemple, rare en France, de monoculture, ne date que du XIX°.

Le Bas-Languedoc est arrosé par quelques cours d'eau, les uns affluents du Rhône: Cèze, Gard; les autres fleuves côtiers: Vidourle, Lez, Hérault, Orb. Le plus important est l'Hérault qui prend sa source au pied de l'Aigoual et descend en quelques kilomètres de 1.000 m. d'altitude. Tous traversent la région des garrigues par de magnifiques défilés calcaires. Tous sont soumis au régime torrentiel que nous avons déjà signalé pour le Vivarais. L'Aude, beaucoup plus gros que l'Hérault, vient, comme on sait, des Pyrénées.